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    Côte d'Ivoire: Sacrifice humain - Quand le broutage rime avec les pratiques mystiques

     

    CI qu'es tu devenue ?

     

     

    Le ‘’broutage’’ se définit comme une arnaque sous forme ‘’voilée’’ c'est-à-dire que le brouteur utilise un pseudonyme ou un nom d’emprunt pour escroquer un individu via internet. Il s’agit d’appâter un(e) internaute à la suite d’un échange de courriers en lui faisant miroiter une somme d’argent en échange d’un service rendu ou un investissement dans l’immobilier.

     

    Tout commence par un logiciel appelé « extrator » qui permet de générer beaucoup d’adresses e-mails des personnes vivants dans des pays européens.

    Ce n’est plus un phénomène étrange que d’observer, dans nos cités, des arnaques par-ci, des escroqueries par là, œuvres de malicieux brouteurs qui ne finiront jamais de nous surprendre ! Ce phénomène qui était au départ l’œuvre de quelques spécialistes en informatique, a pris réellement de l’ampleur depuis quelques années en Cote d’Ivoire. Et les jeunes, de plus en plus, s’adonnent à cette pratique en ayant pour cible principale, les blancs sur internet.  

    Alors, l’on peut se demander comment arrivent-ils à extorquer d’énormes sommes d’argent à ces blancs depuis leurs ordinateurs ? Quelles stratégies mettent-ils en placent pour ne pas que ceux-ci se rendent comptent de leurs manigances ? Qu’en est-il réellement et qui sont ces fameux ‘’brouteurs’’ ?  Les réponses dans notre dossier.

    Constat

    Depuis quelques années, il existe dans notre société un phénomène d’arnaque qui a pris beaucoup d’ampleur ces dernier temps. Tous nos jeunes : frères, cousins, sœurs, y compris les adultes … s’adonnent à cette pratique appelé ‘’broutage’’. Jadis,  c’était  les nigérians ‘’Igbo’’, et les camerounais qui exerçaient cette arnaque mais aujourd’hui, les ivoiriens avec à leur tête la jeunesse vivent du broutage. L’évolution de cette pratique est due à de nombreuses raisons, d’abord les jeunes aiment la vie facile, ensuite la pauvreté et le désir de vouloirs sortir de la galère par tous les moyens et le fait de suivre la mode, convoité le succès de son ami sont autant de raisons qui poussent des individus à ‘’brouter’’. A côté de ces raisons, il y a la naïveté et  la perversion de certains Européens qui les incitent aux ‘’broutage’’ puisque ces européens n’hésitent pas à envoyer de forte somme d’argent après quelques échanges de courriers. Les consultations chez les marabouts, féticheurs et les sacrifices ne sont plus seulement l’affaire des femmes ou des adultes mais sont devenu la pratique des jeunes ‘’brouteurs’’ qui sont disposés à accomplir d’énorme sacrifices même humain pour de l’argent.

    Comment ça se passe ?

    Le ‘’brouteur’’, en venant donc sur un réseau social ou un site web, copie des adresses qu’il sélectionne dans la liste des adresses proposées pour les coller dans son e-mail personnel. Ensuite, il crée une autre adresse mail pour envoyer des messages d’échanges avec ses correspondants qu’il a sélectionné dans le logiciel avec une frange d’âge bien précise. 

    Il est à noter que plusieurs sites sont utilisés par les brouteurs. Il s’agit de « Format », « 123 love », « nrj.fr », « Tchat.fr », et « MSN » pour ne citer que ceux-là. Il y’a lieu de souligner également que le moyen d’échanges « MSN » est beaucoup utilisé par les brouteurs. Une fois, les recherches effectuées par rapport au choix de son correspondant, il s’en suit des échanges permanents entre le blanc (mogou, pigeon) et le brouteur qui se met dans la peau d’une belle jeune fille en quête de blanc prétendant chercher le vrai amour ne serait ce que pour obtenir une modique somme d’argent.

    A ce propos, le blanc ne lésine pas sur les moyens pour obtenir une jeune fille africaine. A partir de photos fausses souvent téléchargée d'une belle jeune fille noire  ou métisse et de nombreux échanges. La confiance s’installe en ce moment dans le cœur du blanc qui rêve déjà d’épouser la personne avec qui il échange sur le net (le brouteur). Cette forme de broutage est appelée « le love ». Le plus souvent pour mettre le blanc en confiance ‘’les brouteurs’’ prennent les jeunes filles de leur quartier ou même leur petite amie qu'ils mettent devant la webcam pour montrer leur partie intime moyennant de l'argent après le ''West''(le transfert de l’argent).

    Autres formes de broutages

    A coté de ces deux types de broutage, il existe une autre forme d’arnaque qui rentre en ligne de compte, c’est « l’héritage ». Cette forme consiste pour le ‘’brouteur’’ à simuler ‘’un héritage propre’’ à lui en envoyant des messages de vente d’un quelconque bien familial par mail, en falsifiant des dossiers, en s’attribuant de fausses identités avec la complicité d’un ami qui se fait passer pour un policier ou encore en faisant croire au blanc qu’il a une grosse somme d’argent dans son compte bancaire en produisant un faux relever bancaire.

    Pour accomplir leur forfait, les ‘’brouteurs’’ ont besoin de jeunes filles surtout lorsqu’ils sont sur le point de retirer l’argent envoyé par « west » ou si vous préférez par western Union. 
    Ces ‘’brouteurs’’, devenus des « génies » de l’arnaque opèrent depuis les cybercafés dans des quartiers bien précis tels que : Port- Bouët, Marcory, Koumassi, Treichville et Yopougon avec souvent la complicité de gérants de cybers qui sont parfois eux-mêmes des ‘’brouteurs’’.

     Il y’a aussi le ‘’broutage par chantage’’ qui consiste pour le brouteur de se faire passer pour une jeune fille, qui au fil du temps arrive à avoir les différents e-mails et adresses de son blanc. Mieux, le jeune ‘’brouteur’’ fait tout pour avoir le nom et l'email de la femme et des enfants de son blanc si ce dernier est marié. Après avoir toutes ces informations, le jeune ‘’brouteur’’ exhorte son interlocuteur à se masturber via la Cam à travers un film de striptease que lui montre sa jeune belle fille africaine pendant ce temps, le ‘’brouteur’’ enregistre la scène. Une fois enregistrée, le ‘’brouteur’’ passe en mode chantage en menaçant le blanc de montrer et d’envoyer  la vidéo à sa femme et ses enfants s’il ne donne pas une certaine somme d’argent et comme tout chantage, le ‘’mogou’’(blanc) se retrouve dans un eternel cercle vicieux sans fin car le ‘’brouteur’’ continuera en demandant toujours plus d’argent à sa victime.       

    Les pratiques mystiques

    Quand, ils commencent à brouter s’est de petits transferts d’argent 50 euros soit 32.500fcfa qu’ils se contentent d’avoir pour leur début. L’appétit venant en mangeant, ils ne veulent plus les petites sommes mais de grosses sommes d’argent pouvant aller jusqu’aux millions. Pour atteindre leur objectif, les ‘’brouteur’’ ont besoin de l’aide des marabouts ou des féticheurs pour envouter leur blanc afin que ces derniers se plient à toute leurs sollicitations. Ils appellent cette pratique le ‘’zamou’’ dans leur jargon, c’est le fait de ‘’gbasser’’ un blanc. Celui-ci ne s’aperçoit de rien et continue toujours d’envoyer de plus en plus d’argent. A son tour, le ‘’brouteur’’ a le devoir de donner une partie de l’argent au marabout sinon il fera en sorte que le blanc se rende compte de l’arnaque et risque des conséquences graves. Les marabouts et féticheurs utilisent la naïveté et la cupidité  de ces jeunes ‘’brouteurs’’ parmi lesquels figures des adolescents pour leur imposer des choses invraisemblables. Fabio le milliardaire, un ‘’brouteur’’ de Yopougon nous le confirme en ces termes : « Une fois, moi et mon ami (brouteurs) sommes allés voir un féticheur pour nous rendre riche, dans le but que nos blancs vident leur comptes pour nous. Le marabout m’a demandé de  vendre mon sommeil, c'est-à-dire que je ne dormirais que la journée pour quelques heures et la nuit je n’aurais plus droit au sommeil afin de devenir riche sinon je meurs. A mon ami, il a demandé la moitié de son espérance de vie, il a dis que mon ami qui avait 22 ans devait mourir à 42 ans. Il restait donc 20 ans à mon ami pour vivre donc il régnera pendant 10 ans dans la richesse et le marabout aura les 10 autres années. » Beaucoup de ‘’bouteurs ‘’ effectuent des voyages jusqu’au Bénin, Mali, Burkina Faso etc., pour signer des pactes diaboliques afin d’attacher leurs blancs. Quand certains vont jusqu’à déplacer leur blanc par des incantations mystiques pour les sacrifier sur une terre étrangère toujours sur instruction du mystique.

    Piège !

    Quand ces ‘’brouteurs’’ ou arnaqueurs vont voir un marabout, celui-ci essai de les appâté avec des miracles d’argent qui les emmènes à mené une vie de luxe et de luxure (femmes, gloire, honneur, shows etc.) qu’ils ne veulent ou ne peuvent pas abandonnés. Au début, ces féticheurs ne demandent presque rien à part des sacrifices d’animaux, ou de canaris cassé à un carrefour pour que le ‘’brouteur’’ reçoive l’argent de son blanc. Une fois, qu’ils (les féticheurs) savent que le jeune arnaqueur ne peut plus se passer d’argent, ils montent les enchères, cette fois-ci, il n’est plus question de sacrifier un animal mais un être humain, souvent des enfants et prendre leurs organes. A la vérité, ces marabouts et féticheur n’ont pas forcement besoin des sacrifices et organes humains pour le travail des ‘’brouteurs’’ mais ils le font à leur propre fin. Soit pour un client très important (personnalité publique ou politique), soit pour son génie afin d’acquérir de nouveaux pouvoirs et de la renommée. Quand les jeunes ‘’brouteurs’’ vivent le bonheur de la richesse, à ce niveau ces marabouts les mettent le ‘’dos au mur’’ en exigeant qu’ils sacrifient un membre de leur famille pour pourvoir garder cette richesse. Le temps que ces derniers (brouteurs) s’en rendent compte, ils ont déjà tout perdu malgré ces lourds sacrifices accomplis. Nous avons comme exemple le jeune de 18 ans surpris après avoir égorgé et éventré un enfant de 5 ans à Bonoua. le mystique demande ou exiger aux ‘’brouteurs’’ soit de mal se vêtir car plus les gens se moquent et se plaignent de leur accoutrement, plus puissant sera son ‘’zamou’’(fétiche). Soit de se promener nu sur la plage ainsi quand les personnes sont choquées plus il gagnera en notoriété et en chance, soit d’avoir des relations sexuelle contre nature (homosexuelle) ou incestueuse avec leur génitrice ou de raser les parties intimes de leur mère. Toutes ces recommandations des féticheurs contribuent à les faire prospérer dans le broutage.

    Ce qu’ils gagnent et comment le gère t-ils ?

    Avec ce travail d’arnaque qu’ils opèrent chaque jour avec des sacrifices à l’appui ces jeunes peuvent avoir de 800.000 francs à 1 ou 2 millions par semaine. Beaucoup parmi ces jeunes sont propriétaires de grands bars, maquis, de maisons et magasins sans oublier les voitures et motos de marques qu’ils conduisent. Ils gagnent en notoriété car dans les maquis et bars on ne cesse de chanter leur prouesse ou générosité dans leur quartier les grands frères et les ami(e)s les sollicite pour des parrainages ou pour des soutiens matériels et financiers. Certaines belles jeunes filles se font appelé ‘’porclé’’ (putes, filles faciles) parce qu’elles s’intéressent qu’aux petits brouteurs fortunés pour être leurs petites amies, parfois les filles sont plus âgées mais pour de l’argent, elles sont prêtes. Cependant, comme le ‘’bien mal acquis ne profite jamais’’ ces jeunes arnaqueurs gaspillent leur argent dans des bars en participant à des concours de ‘’travaillement’’ (verser de l’argent) pendant que le Dj prononce leur nom ou fait leur ‘’spot’’ (chanter leur mérite). Pour ce faire, ils se font appelés par des sobriquets tels que ‘’Ange l’argentier’’ JC Bceao’’ Francky l’empereur’’ etc.  Pour couronner le tout, ils trouvent tous un prétexte pour encourager et justifier leur arnaque. Angelo Mille billets nous dit : « les blancs ont volés, maltraités nos parents pendant la traite négrière, donc laissez nous, nous venger d’eux, on va les faire rembourser ». Nous pouvons être contre cette idée mais, il faut reconnaitre que les blancs sont très vicieux et ont des fantasme qui leur joues de sale tours et malheur pour celui qui tombent sur les ‘’brouteurs’’.

    Conséquences

    Le risque que prennent ces jeunes à vouloir réussir par tous les moyens même s’il faut sacrifié un être humain  ne demeure pas pour eux sans effet négatif. En effet, les exemples sont bien nombreux, avec le célèbre ‘’brouteur’’ ‘’Sans Monnaie’’ transformé en chien, le cas d’un jeune qui s’est surpris entrain de vomir des billets de banque dans les toilettes d’un bar sont autant de signes souvent irréversibles des malheurs qui les frappent. S’ils ne perdent pas tout en une journée, c’est leur vie qu’ils perdent, ou leur raison mentale s’ils ne tombent pas malade d’une maladie mystérieuse et incurable. Le comble dans cette situation, c’est qu’il y a des parents qui soutiennent leurs enfants dans cette pratique surtout les mères qui les défendent devant l’autorité du père quand il veut savoir la vérité sur la soudaine aisance financière de son fils. Arnaud nous raconte l’histoire de son frère : « mon petit frère broutait et c’est maman qui gardais son argent, les deux étaient très complices. Quand papa demandait à mon petit frère  d’où provenait tout cet argent maman répondait à sa place disant que c’est elle qui le lui avait  remis. Jusqu’au jour où mon frère doubla son féticheur qui lui lança un sort terrible au point que mon cadet a perdu l’usage de ses jambes et de la parole. C’est devant la gravité de la situation que maman se sentit obligée de tout avouer à papa. C’est comme ça que nous sommes allés voir le féticheur qui a accepté nos excuses et annula le sort ». C’est souvent, leurs pauvres parents qui souffrent pour eux : chagrin, dépenses financières pour les soins.

    La situation socio-politique à encourager plusieurs jeunes à la vie facile, les livrant aux arnaques sur le net à l’aide de pratiques mystiques, ils ont fini par berner ces blancs qui n’hésitent pas à déployer des fortunes pour des « opportunités » que ces malfaiteurs pourraient leur proposer via le net. Encouragés par l’anonymat que leur garantit internet et la crédulité de leurs victimes, ils sont nombreux, ces jeunes à se lancer dans le broutage. Cependant les conséquences sont souvent néfastes pour eux. Il est important de savoir que la Côte d’Ivoire est le troisièmes pays au plus haut taux de fraude et d’escroquerie via internet après le Nigéria et le Cameroun. Ce qui occasionne le déplacement de beaucoup de ‘’brouteurs’’ vers le Bénin, le Togo, le Ghana pour opérer tranquillement.

    Doit-on interdit l'accès des jeunes chez les féticheurs?

    Dimitri A

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    Côte d'Ivoire

    Un policier surpris en plein broutage

     

    Un policier surpris

     

     

    (Ph Adriel) Ici le policier brouteur ce mercredi dans un cybercafé d'Abidjan -

    Abidjan le 17 janvier 2014 © koaci.com – Alors qu'on les a tous mobilisés dans la lutte contre la cybercriminalité, un policier ivoirien était lui même en pleine séance de ''' broutage ''' ce mercredi dans un cybercafé, comme constaté sur place par KOACI.COM dans la commune de Treichville à Abidjan.

    C'est une scène surréaliste qui s'est déroulée sous les yeux de KOACI.COM ce mercredi matin aux environs de 10heures dans la commune de Treichville. Un policier dans un cybercafé était en pleine pratique d'un phénomène actuellement défendu par les lois ivoiriennes. Pour l'occasion ce policier ''' broutait''' comme le décrit si bien l'expression spécialement dédiée à la personne s'adonnant à la pratique de la cybercriminalité.

    Assis dans ce cybercafé d'Arras un quartier de la commune de Treichville, le policier en tenu (ph ci-dessus) a d'abord attiré notre attention par un premier fait lorsqu'il a demandé sans gêne à des cyberescrocs un paramètre proxy pour contourner les barrières d'accès d'un site internet de rencontres. Ce policier semblait d'ailleurs les connaitre. Dans la suite il s'est lui même livré '''' sur facebook là j'ai pu avoir le numero d'un blanc... mais on n'a pas pu causer sur skype parce que ma sœur ''soyée'' là n'était pas là.. Elle allait faire comme la fois passé là ''' a t-il confié aux cyberescrocs dans un sourire narquois. en plus d'ajouter '''' le blanc de la dernière fois m'a doublé. il a vite vu dans le jeu on dirait... '''.

    Pour la suite on verra le policier sur facebook avec un profil où sa photo n'y est pas. C'est au contraire la photo d'une jeune fille à moitié nue sur sa page de couverture qui définira son profil. En haut les notifications indiquaient une cinquantaine de messages reçus et plusieurs demandes d'ajout d'amis en attente.

    Dans un tel paradoxe le policier lui en tout cas n'était pas gêné. Il se frottait au contraire les mains appréciant les nouvelles personnes que son filet avait encore pris.

    Rappelons qu'en Côte d'Ivoire la côte d’alerte a été largement atteinte en matière de cybercriminalité. Le gouvernement ivoirien consent donc des efforts dans la lutte contre le fléau. Malheureusement celui-ci est aussi loin de se douter que les personnes chargées d'appliquer ses stratégies sont elles mêmes impliquées dans le phénomène.

     

     


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